Celle de trop


Titre : Celle de trop
Auteur : Joannie Touchette
Genre littéraire : Drame
Année de parution : 2020
Éditeur : De Mortagne
ISBN : 978-2897921606
Nombre de pages : 392 pages

Peu importe quelle langue on utilise, le résultat est le même : je n’ai pas réussi ma cinquième secondaire. En septembre, je vais devoir recommencer à zéro, tandis que ma jumelle ira au cégep.
On a beau être identiques, ma sœur et moi, un monde nous sépare. Avec ses longs cheveux châtains tressés à la Katniss Everdeen, son cerveau digne de celui d’Einstein et une bonté qui surpasse celle de mère Teresa, Cassiopée Coulombe est la perfection incarnée.
Et la préférée de nos parents.
C’est simple, elle excelle sur tous les plans, alors que je fais toujours tout foirer. À l’école, à la maison, dans la vie en général… je ne suis qu’une déception sur deux pattes. Éléonore-la-bonne-à-rien. Celle qu’on tolère par dépit, faute d’options.
Ouais, ça, je l’ai compris il y a très longtemps. Grâce à ma chère maman.
L’enfant préféré est un fait réel, plus courant qu’on ne veut le croire. Et, bien qu’il soit humain de s’accorder davantage avec certaines natures et certains types de personnalité ou de caractère, le favoritisme et l’iniquité perçus par les enfants lésés peuvent entraîner de la jalousie, de l’insécurité, une faible estime de soi ainsi qu’un cruel manque de confiance. Des blessures qui, malheureusement, persisteront.

On ne devrait pas faire des enfants pour n’en aimer qu’un sur deux. Ou ne les aimer qu’à moitié. On devrait faire des enfants pour les aimer complètement. Inconditionnellement.

La famille Coulombe représente aux premiers abords tout ce qu’il y a de plus normal, mais en y regardant de plus près, l’on se rend compte que ce n’est vraiment pas le cas!

Celle de trop, c’est ce que ressent Éléonore, l’une des deux jumelles de la famille Coulombe. Jumelles et pourtant si différentes l’une de l’autre! Chaque jour qui passe sa mère ne cesse de lui rappeler à quel point elle n’est pas aussi parfaite que sa sœur. Combien de fois a-t-elle entendu sa mère lui faire des remarques désobligeantes et qui chaque fois diminue un peu plus son estime? Peu importe ce que fera Élé, elle ne sera jamais à la hauteur des attentes de sa mère.

Éléonore est au bord du gouffre et chaque remarque de sa mère, chaque absence de son père, chaque silence de sa sœur, tout cela l’amène à se refermer de plus en plus sur elle-même. En fait, elle ne croit plus en elle et le seul endroit où elle se sent vraiment bien, c’est au cimetière lorsqu’elle va discuter avec son grand-père.

Et voilà que l’année scolaire reprend. Cass commence le Cégep alors qu’Élé doit recommencer son 5e secondaire. Par conséquent, ses parents l’obligent à prendre des cours privés. Ses rencontres avec son tuteur, Quentin, devraient l’aider avec ses travaux scolaires, mais peut-être bien sur d’autres aspects de sa vie…

L’avis des autres importe peu. Ce qui compte, c’est de forger ton bonheur à toi. De le voir à travers tes yeux. De le ressentir dans ton cœur. Le tien et celui de personne d’autre.

Déjà le quatrième roman que je lis de Joannie Touchette. J’avais été très touché par Victime collatérale, mais ce roman-ci est, selon moi, nettement supérieur et plus bouleversant. 

Effectivement, cela se ressent non seulement au niveau de l’écriture, mais également avec la personnalité des personnages. Du coup, cela rend le tout plus réaliste et l’on adhère rapidement à l’intrigue. J'ai pratiquement dévoré ce roman d'une traite tellement j'ai eu de la difficulté à le mettre de côté. Éléonore restait ancrée dans mes pensées!

Le personnage d’Éléonore ainsi que tout ce qu’elle vit, m’a profondément touchée. L’on ne peut faire autrement que d’en vouloir à cette mère qui n’est pas capable d’aimer sa fille. Et que dire de ce père qui est toujours absent et qui semble se cacher la tête dans le sable? Je me suis énormément attachée à Éléonore et j'aurais bien aimé être à ses côtés pour l'aider. 

À un certain moment donné, j’ai même eu peur pour la vie d’Élé… et puis, je me suis posée une panoplie de questions. Mais où sont les intervenants? J’avais l’impression que même les professeurs d’Élé ne semblaient pas se soucier d’elle. Comment se fait-il qu’ils ne voyaient pas sa détresse?

Comme vous pouvez le constatez, j’ai littéralement plongé dans le récit. J’ai fermé le livre en me demandant : Combien de jeunes passent ainsi sous le radar? Voilà pourquoi la collection Tabou me semble si appropriée pour nos jeunes, mais également pour le personnel éducatif. Bref, ce 52e roman touche un sujet rarement abordé aussi explicitement et il a amplement sa place au sein de cette collection. Et ce n’est qu’avec des auteurs de talent, comme Joannie, que cette collection est si pertinente!

Ma note : 19/20


Je remercie chaleureusement la maison d'édition De Mortagne pour ce roman!


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