Reste avec moi


Titre : Reste avec moi
Auteur : Ayobami Adebayo
Genre littéraire : Littérature Contemporaine
Année de parution : 2019
Éditeur  : Guy Saint-Jean
ISBN : 978-2897586591
Nombre de pages : 323 pages

Depuis qu'ils sont tombés amoureux l'un de l'autre, Yejide et Akin se sont mis d'accord : la polygamie, bien qu'elle courante et acceptée au pays, ce n'est pas pour eux. Quatre ans après leur mariage — et malgré les spécialistes en fertilité, les médecins et sorciers, les potions et cures improbables —, Yejide n'arrive toujours pas à porter la vie. Ils pourraient se contenter de leur amour, sauf qu'Akin, comme tout fils aîné nigérian digne de ce nom, est tenu d'offrir un héritier à ses parents.
Malgré sa tristesse, Yejide se montre résiliente jusqu'au jour où une délégation familiale se présente à sa porte en escortant une jeune femme qu'on lui présente comme étant la seconde épouse d'Akin. Celle qui lui offrira l'enfant tant désiré. Furieuse, consumée par la jalousie, Yejide comprend que la seule façon de sauver son union est de tomber enceinte. Mais le prix pour y arriver est plus élevé qu'elle ne l'imagine...
Reste avec moi, le premier roman d'une jeune auteure nigériane à la plume phénoménale, soulève une question fondamentale : jusqu'où peut-on se sacrifier pour la famille?


— Eh bien, première femme d'Akin, voici la nouvelle épouse de ton mari. C'est un enfant qui appelle un autre enfant à venir au monde. Qui sait, le roi du ciel répondra peut-être à tes prières grâce à elle. Une fois qu'elle tombera enceinte et aura une progéniture, nous sommes persuadés que tu en auras une aussi, continua Baba Lola.

Cela fait des années que Yejide et Akin essaient d'avoir un enfant. Ils ont consulté des médecins, Yejide a même escaladé la montagne pour rencontrer un sorcier, ils ont également essayé de multiples potions bref, tout cela ne fonctionne pas.

Les commentaires et la pression que Yejide subit sont quotidiens. Que ce soit venant de sa famille, de sa belle-famille, mais également des gens de son entourage. Il est mal vu qu'après autant d'années de mariage, il n'y ait aucun enfant au sein de cette maison. Et bien évidemment, la faute est rejetée sur la femme!

La pression est tellement forte que le désir d'avoir un enfant est devenu une vraie obsession pour Yejide. De plus, la venue d'une deuxième épouse au sein de leur couple ne fera qu'aggraver ce sentiment de ne pas être la hauteur des attentes. Et pourtant, ce n'est pas Akin qui lui fait subir cette pression, bien au contraire. Mais voilà que la course aux bébés est lancée... et Yejide en paiera le prix! Est-ce que cela en valait vraiment la peine?

— As-tu déjà vu Dieu dans une salle d'accouchement? Réponds-moi, Yejide, as-tu déjà vu Dieu dans une salle de travail? Ce sont les femmes qui fabriquent les enfants et si tu n'y arrives pas, c'est que tu es un homme. On ne devrait pas te considérer comme une femme.

Ce roman m'aura fait vivre une panoplie d'émotions! Je suis passée par la colère, la tristesse et je dois bien l'avouer, l'incompréhension.

Bien évidemment, j'ai trouvé ce roman totalement dépaysant. Je suis bien heureuse d'avoir lu ce récit qui se situe dans un pays que je ne connais pas du tout. Les us et coutumes du Nigéria m'ont complètement sortie de ma zone de confort et je dois bien l'avouer, m'ont révolté à la lecture de certains passages. Le statut de la femme au sein de ce pays m'a profondément choquée.

Selon moi, le désir pour Yejide de vouloir un enfant n'est pas clairement défini dans le récit. Est-ce vraiment elle qui veut un enfant ou bien c'est la pression de la famille et de la société? Dans une certaine mesure, nous pourrions même dire qu'elle est une femme indépendante. D'ailleurs, au début du roman, je sentais qu'elle et Akin étaient un couple qui ne voulait pas vraiment suivre les anciennes traditions. Alors pourquoi cette course au bébé? Je n'ai pas totalement saisi la racine même de ce besoin. J'aurais aimé que l'auteure me dévoile un peu plus les pensées de Yejide à ce niveau.

Les personnages en eux-mêmes ne sont pas totalement attachants. J'ai senti beaucoup de lâcheté du côté d'Akin. J'aurais aimé qu'il tienne tête à sa famille et qu'il soutienne un peu plus sa femme. Et surtout qu'il refuse cette deuxième épouse! Quant à Moomi, la mère d'Akin, j'ai trouvé cette femme tout simplement détestable. Ces répliques étaient dures et je pouvais facilement imaginer à quel point cela devait blesser. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai ressenti autant d'empathie pour le personnage de Yejide. Par le biais du récit que nous raconte l'auteure, nous pouvons sentir à quel point notre protagoniste est en pleine détresse. Elle est totalement impuissante face à tous ces gens autour d'elle alors qu'elle n'a plus sa mère à ses côtés pour la soutenir.

La structure du roman m'a quelque peu surprise. Nous passons du passé au présent et je cherchais parfois où était le lien entre ces deux parties. Mais ce qui m'a le plus perturbée, c'est lorsque nous passions d'un chapitre où l'on suivait les péripéties de Yejide pour ensuite tomber sur Akin. Encore là, nous n'étions pas dans un modèle d'alternance... C’était au gré des envies de l'auteure et il n'y avait qu'après la lecture de quelques paragraphes que tout à coup, l'on se rendait compte qu'on avait changé de protagoniste.

Au final, je ressors de ce récit en ressentant encore beaucoup d'émotions. Ce fut un roman déstabilisant, bouleversant à certains moments et que je ne suis pas près d'oublier. Bref, il ne m'a pas laissée indifférente, loin de là et j'ai le sentiment que cette nouvelle auteure n'a pas fini de nous surprendre! Et que dire de la fin... l'on saisit tout le chemin parcouru et les conséquences des choix de chacun et sincèrement, c'est triste et beau à la fois. Un roman qui restera encore longtemps ancré dans ma mémoire.


Ma note : 4/5

Je tiens à remercier la maison d'édition Guy Saint-Jean pour la découverte de cette nouvelle auteure!



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